Qu’est-ce que le TDA/H ?
Le TDA/H se définit par l’apparition de symptômes de déficit attentionnel, d’hyperactivité et d’impulsivité qui durent au moins 6 mois. Il doit être présent dans au moins deux environnements différents (par exemple : maison, école) et entrainer des difficultés sur le plan des apprentissages et sur le plan relationnel. 5% des enfants d’âge scolaire sont diagnostiqués comme ayant un trouble déficitaire de l’attention. Soit l’équivalent de deux ou trois élèves par classe! Les symptômes précédemment décrits sont presque systématiquement accompagnés d’une souffrance psychologique avec déficit d’estime de soi.
Concrètement, l’enfant diagnostiqué avec un TDA/H a du mal à contrôler ses émotions, fait des colères pour « rien » et peut passer d’une émotion à l’autre très rapidement. Il fait des oublis, a « la tête en l’air », a du mal à s’organiser dans le temps et l’espace, passe du « coq-à l’âne ». Les symptômes sont fluctuants d’un enfant à l’autre, et peuvent avoir des degrés d’intensité différents.
Le diagnostic est posé par un professionnel de l’enfance : pédo-psychiatre, pédiatre, neuropsychologue ou pédo-psychologue à partir d’entretiens cliniques. Un examen complémentaire comme une prise de sang n’est pas nécessaire.
Les symptômes du TDA/H : que sont-ils vraiment ?
L’hyperactivité correspond à une instabilité motrice, cognitive et verbale. L’enfant va être agité, analyser de multiples informations en même temps, et parler sans réfléchir à son discours en amont.
L’impulsivité est mise en lumière par le fait que l’enfant apprend moins de ses erreurs. Il sera moins sensible aux conséquences de ses actes. D’ailleurs, il pourra agir sur le coup d’une « pulsion ».
Mais les symptômes du TDA/H ne sont pas que négatifs. Loin de là. Les enfants présentant ce fonctionnement ont des super pouvoirs ! La plupart du temps, ils sont attachants, vif d’esprit, imaginatifs, créatifs, curieux, pertinents, volontaires, plein d’humour et d’empathie.
Qui contacter pour une prise en charge de l’enfant ?
D’abord, il est nécessaire que cette prise en charge soit globale. Elle doit se faire de façon pluridisciplinaire et en collaboration avec les parents et les enseignants. Des aménagements scolaires sont possibles, il est important de s’en saisir pour accompagner au mieux l’enfant. Une guidance parentale de la part des services médicaux est recommandée. Le fait de s’informer sur le comportement de son enfant va permettre aux parents d’apporter des réponses et comportements plus adaptés. De plus, les parents sont parfois en grande souffrance : ils doutent de leurs compétences éducatives et font état de sentiments d’échec et de culpabilité. Il se peut alors qu’ils aient recours à un mode éducatif coercitif, ce qui est hautement inefficace. Cela accentuera probablement la perte de sentiment d’estime de soi des enfants en aggravant leurs troubles du comportement.
Enfin, le médecin référent peut encadrer une prise en charge médicamenteuse.
La « loi du handicap 2005 » propose des plans d’enseignement spécialisés et des interventions en milieu scolaire afin de maintenir l’élève en milieu scolaire ordinaire (PAP ou PPS). Ces aménagements pédagogiques sont indispensables et indissociables du reste de la prise en charge. Le partenariat parents-enseignants est essentiel car de bonnes capacités de communication et de coopération entre les différents partenaires augment l’efficacité de chacun et les chances de réussite.
L’approche globale est essentielle pour la prise en charge des comorbidités liées au TDA/H (voir ci-dessous). Elle peut concerner l’orthophonie, la psychologie ou encore la psychomotricité.
Quoi qu’il advienne, l’enfant grandira avec le trouble (50% des cas disparaissent à l’âge adulte) et il est important de l’accompagner sur la gestion et la maitrise de ses émotions. Le renforcement positif des « bons » comportements peut également lui permettre de diminuer les conséquences négatives des symptômes.
En tant que professionnel, nous ne recherchons pas la disparition des symptômes mais un mieux-vécu par l’enfant et son environnement proche.
Une estime de soi en berne.
Les enfants atteints du TDA/H ont très souvent une faible estime d’eux-mêmes. Les expériences répétées d’échecs et de frustration, ainsi que les réprimandes des adultes donnent une image faussée de leur personne. Il s’imagine être le trouble ! Il faut verbaliser la différence entre lui et son comportement et lui signifier quand on n’approuve pas son comportement.
Voici quelques « tips » pour améliorer l’estime de soi de ces enfants et adolescents :
- Le pot à A chaque effort fait par l’enfant, on ajoute une bille à un pot. Quand le pot est plein, l’enfant a le droit à une récompense privilégiée. L’aspect visuel de cette méthode permet à l’enfant de voir son évolution, ce qui est rassurant et structurant.
- «Je suis fier de moi ». Demander quotidiennement ou de façon hebdomadaire à l’enfant, trois bonnes raisons d’être fier de lui. Reprendre avec lui, le faire communiquer et verbaliser ses ressentis.
- Commencer ses phrases par «je » plutôt que « tu » : « je suis mécontent que tu n’aies pas rangé ta chambre ». « je suis très mécontent car tu as tapé ton frère ». Plutôt que « tu es inconscient d’avoir frappé ton frère » ou « ta chambre est en bazar, tu ne sais pas t’organiser ».
Des crises de colère ? La question de l’intelligence émotionnelle.
Les quatre composantes de l’intelligence émotionnelle sont :
- La conscience de soi ou la capacité à comprendre ses propres é
- La maitrise de soi ou la capacité à réguler ses émotions et à s’adapter à la situation.
- La conscience sociale ou la capacité à détecter et interpréter correctement les émotions d’autrui.
- Et enfin, la gestion des émotions ou la capacité à gérer les conflits.
Un enfant touché par le TDA/H pourra améliorer son vécu en travaillant sur la reconnaissance et la maitrise de ces propres émotions. Alors, il saura repérer les situations dans lequel il éprouve des difficultés. En gérant mieux ses émotions, il aura également une plus grande confiance en lui et en sa capacité à faire face à ces situations. D’ailleurs il est intéressant d’expliquer cette notion aux enfants : leur intelligence n’est pas définie par un test chez le psy ! Leurs émotions peuvent devenir des amies et les aider à naviguer dans le monde, parfois un peu effrayant, des adultes.
Vous pouvez en ce sens faire quelques exercices simples à la maison. C’est le cas du « nom des émotions » consistant en trouver trois synonymes à une émotion. On trouve ensuite trois situations où l’on peut ressentir cette émotion. Ou encore du mime des émotions, explicite par son nom.
Si l’on sent que l’enfant s’emporte, il peut-être intéressant de lui laisser un « temps-mort » afin de se calmer, dans un endroit isolé et si possible, apaisant pour lui. Une fois calmé, on pourra alors énoncer la situation qui a déclenché la colère et demander à l’enfant de décrire ses sensations corporelles, ses pensées négatives et son comportement. « Es-tu prêt maintenant à faire ce que je t’ai demandé ? »
Des comorbidités ? Qu’est-ce que c’est ?
Malheureusement, il arrive très fréquemment que les symptômes n’apparaissent pas seuls. Les comorbidités sont les troubles le plus souvent associés au TDA/H. Les plus fréquemment rencontrés sont les troubles d’apprentissages (dys), les troubles du comportement et le trouble anxieux. De façon plus générale, il en existe plusieurs dont les prochains.
Le TOP (trouble oppositionnel avec provocation). L’enfant va être en opposition par rapport aux consignes de ses référents. On le qualifiera souvent « d’insolent » ou de « capricieux ».
Les troubles des conduites. C’est une transgression grave des droits fondamentaux d’autrui et des règles sociales. Par exemple, un enfant va taper ou blesser un camarade qui l’aura frustré.
Les troubles spécifiques des apprentissages : les troubles « dys ». La dyslexie, la dysorthographie, la dyspraxie, la dysgraphie ou encore la dyscalculie. Que de noms compliqués pour décrire finalement, un décalage d’apprentissage ! On repère souvent ces troubles dès la maternelle (dyspraxie, dysphasie. Par exemple un enfant qui n’arrive pas à boutonner correctement son gilet) ou au CP/CE1 (retard d’apprentissage de la lecture, écriture illisible). Une rééducation en orthophonie ou psychomotricité sera nécessaire pour permettre à l’enfant de trouver des éléments de compensation avec lesquels il se sent à l’aise.
Le trouble anxieux.
Le trouble dépressif.
Les troubles du sommeil.
Le HPI ou haut potentiel intellectuel (A la WISC-V, on repère un QI global élevé avec ICV en zone supérieure mais IMT et IVT bas). Il n’est pas du tout incompatible avec un TDA/H.
Enfin, l’enfant aura peut-être le malheur de se faire railler par ses camarades sur sa différence. Dans certaines proportions, cela peut même amener à du harcèlement scolaire. C’est ici que le rôle de l’équipe enseignante est primordial, non seulement par sa dénonciation mais par sa régulation.
Quels aménagements mettre en place à l’école pour diminuer les symptômes des « dys » ?
Pour le déficit de l’attention, il faut éliminer les distracteurs visuels : salle de classe épurée, place adaptée, contacts physiques ou visuels avec l’enseignant pour remobiliser l’enfant. Les distracteurs auditifs sont à limiter également : être attentif au niveau sonore de la classe, lever le doigt, utiliser des pictogrammes (« chut »). Réaliser un « panneau du bruit » permettra à l’enseignant de signifier le silence à la classe sans participer à en élever le niveau sonore. Les consignes quant à elles, seront mieux intégrées si elles sont visuelles, écrites sur le tableau par exemple.
Quant à l’agitation motrice, on peut permettre à l’enfant de s’asseoir sur un coussin d’air ou de billes afin de l’apaiser. On peut définir un périmètre limité dans lequel il à l’autorisation de se mouvoir sans gêner le groupe. Les enfants atteint du TDA/H sont dans la plupart des cas de bonne volonté. Ils veulent faire plaisir à l’adulte en appliquant ses consignes. Seulement, cela l’épuise. Relever les efforts qu’il fait devient primordial à l’évolution de son estime personnelle. Attention à ne pas complimenter le résultat de ses efforts, car l’objectif « de ne plus bouger » n’est peut-être pas encore atteint. L’important est de montrer à l’enfant que l’on a vu ses efforts, qu’ils ne sont pas vains et que bientôt peut-être, il remplira son objectif !
Concernant l’impulsivité, l’enfant peut travailler son « langage intérieur ». Tout le monde le fait d’ailleurs de façon spontanée ! C’est l’expérience de se parler soi-même pour se donner des consignes et ainsi structurer son comportement. Si l’enfant est en crise, il peut mettre en place le « stop- je m‘arrête- je respire – je réfléchis – j’y vais » qui lui permettra de temporiser son émotion.
Pour finir
Chaque enfant est différent et le psychologue peut éprouver des difficultés à répondre à la demande des parents. « Mon enfant est TDA/H, pouvez-vous rendre son comportement plus supportable à la maison ? ». Personnellement, je n’ai pas encore trouvé la baguette magique mais je continue à chercher !
En fait, certains comportements de l’enfant deviennent tellement difficiles à supporter pour les parents qu’ils arrivent parfois au bord du burn-out familial. Il est essentiel de se tourner vers des professionnels adaptés, non seulement pour aider leur enfant à mieux vivre avec son trouble mais aussi pour se soulager de porter ce lourd poids seul.
Source : « Troubles de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H), concrètement que faire ? » Dr. Anne Gramond, Laura Nannini.