Le stéréotype partagé lorsqu’on pense à « l’adolescent » est un être un peu râleur. Il peut parfois même être un peu sale et passe une grande partie de ses journées dans sa chambre. Alors comment faire, en tant que parent, lorsque notre « ado » montre des signes de démotivation, de désintérêt et que ses résultats baissent au lycée ?
L’adolescent, sa motivation et son orientation scolaire
En premier lieu, rappelons ce qu’est l’adolescence. C’est la période entre l’enfance et l’âge adulte, elle est marquée par la puberté qui exerce des changements non seulement physiques (métaboliques, hormonaux) mais également psychologiques. En effet, l’enfant qui grandit acquiert une nouvelle lecture des phénomènes qui l’entourent et se sépare de ses parents pour s’autonomiser et s’individuer tout à fait. C’est donc une période trouble, parfois difficile à définir en elle-même. Selon l’Encyclopedia Universalis : « L’adolescence est un moment particulier de l’ontogenèse (la construction) psychologique. Il est difficile d’en cerner précisément le début, car la puberté n’est pas le seul signe de l’entrée dans l’adolescence. Il est difficile également de repérer la fin de l’adolescence : si l’autonomie constitue l’enjeu psychologique de cette période, elle est rarement atteinte au même moment dans tous les domaines de la vie personnelle et sociale. »
Ainsi, l’adolescent est aux prises avec une floppée de remaniements, psychiques et physiques. Ces remaniements entrainent une baisse de la capacité d’élaboration et de projection de l’adolescent qui peut se sentir perdu ou indécis. Or, l’adolescence est en même temps la période de l’orientation où on demande à de jeunes élèves de faire des choix décisifs pour leur avenir, choix de section au lycée, engagement vis à vis des résultats scolaires, assiduité etc… ! Le paradoxe est connu mais immuable aussi faut-il être particulièrement vigilant envers l’attitude du jeune en cette période.
Maintenant, définissons le terme de « motivation » : « la motivation est, dans un organisme vivant, la composante ou le processus qui règle son engagement pour une activité précise. Elle en détermine le déclenchement dans une certaine direction avec l’intensité souhaitée et en assure la prolongation jusqu’à l’aboutissement ou l’interruption. »
Nous nous intéressons ici à l’articulation de ces mécanismes à la période spécifique de l’adolescence : quels besoins pour l’adolescents ? Sa problématique en milieu scolaire et enfin, comment favoriser l’engagement scolaire.
Quels besoins pour l’adolescent en orientation scolaire ?
Pour qu’un adolescent ressente de la motivation et de l’intérêt pour son futur (professionnel, social), il a des besoins psychologiques qui doivent être satisfaits :
- L’autodétermination : il doit sentir qu’il est maître de son destin c’est-à-dire qu’il a le choix dans ses activités, dans ses loisirs et dans sa vie. Il aura plus facilement confiance en ses choix et pourra exercer son ressenti au travers de multiples activités, sans sentiment de contrainte.
- La compétence : comme tout un chacun, l’adolescent aime se sentir utile et à la hauteur des tâches qu’il effectue. La période étant propice à la remise en question, il ira donc plus spontanément vers des activités où il se sent compétent.
- L’appartenance sociale : l’adolescent se dirigera vers des activités dont il peut parler. Il échangera avec des groupes de pairs ou avec sa famille. Cet aspect est très important pour la revalorisation de soi ainsi que l’affirmation de soi. L’adolescence est une époque de la vie où la socialisation est particulièrement importante.
Motiver l’adolescent en milieu scolaire
Tout ceci va nous permettre de mettre en place un cadre soutenant l’adolescent. Il doit se sentir libre d’aller à l’école, avec l’idée sous-jacente qu’il y va pour lui. En effet, il y acquiert des connaissances et y développe des compétences. Il va pouvoir partager cette expérience avec ses proches et va développer son estime personnelle et sa confiance en lui.
Ainsi, si l’adolescent se sent déterminé et compétent, son choix d’orientation sera plus simple, plus évident. C’est également valable pour l’engagement scolaire : il sera plus important si le jeune met du sens à ce qu’il fait. (ex : j’apprends les maths pour entrer dans telle école/ j’apprends telle compétences de gestion pour pouvoir ouvrir mon entreprise).
Pourquoi alors, voit-on autant d’adolescents en difficultés au moment de l’orientation ? Car le poids de la décision et des responsabilités vient s’ajouter à tout ce que le jeune travers déjà psychiquement !
L’adolescent qui avait de bonnes notes au collège peut d’un coup, voir ses résultats baisser. Il ne veut plus faire de sport, ne veut plus faire ses devoirs ou les repousse à plus tard. Il n’a pas vraiment de projet, et grogne quand on l’interroge dessus.
Un psychologue pour motiver l’adolescent
Tout d’abord, apprendre à externaliser le problème. En effet, l’adolescent n’EST pas un problème, il A un problème. Si lui-même a cette perception, il va falloir travailler en premier lieu cette problématique.
L’alliance entre le jeune et le thérapeute est essentielle pour qu’un climat de confiance s’installe. Seulement à ce moment-là, l’adolescent pourra s’ouvrir et oser penser ses doutes à voix haute. « Mes parents seront-ils toujours fiers si je ne choisis pas la section qu’ils souhaitent pour moi ? » ; « Suis-je suffisamment compétent pour oser rêver ce métier / cette formation ? ». Le thérapeute écoute la plainte, pose des mots sur ce que le jeune ressent. « C’est une émotion que je ressens, ce n’est pas moi ».
Ensuite, le rendre acteur de ses choix. Considérer le jeune patient à part entière lui permettra d’appréhender ce qui est le mieux pour lui : il est son propre expert. Le travail des parents est primordial à ce moment-là : soutenir, accompagner les choix de son ado sans les juger ou les réprimander. Pour que le jeune se sente expert de sa vie, il doit se sentir compétent à la vivre. Travailler avec lui ses qualités, ses défauts ses ressources et sa capacité à les mettre en place. Travailler aussi sur les valeurs de l’adolescent, sur ce qui a de l’importance pour lui.
Attention cependant à poser un cadre et des limites ! L’adolescent aura tendance à tester ses parents et son cadre scolaire. Le but de la manœuvre est de « vérifier » que le cadre tient malgré une attitude que l’adolescent sait pertinemment être déplaisante.
Pour responsabiliser un adolescent, l’injonction et la fermeté restent de mise : lui laisser le choix oui et la liberté, aussi ! Mais pas à n’importe quel prix. Par exemple, dire à un adolescent de faire ses devoirs peut s’avérer peut concluant. Autoriser les loisirs (sport, écran, copains/copines) sur une plage temporelle est par contre recommandé. Cela permet de laisser le choix à l’adolescent de son organisation personnelle et scolaire. S’il dort jusqu’à midi et qu’il n’est autorisé à jouer aux jeux vidéos que de 10H à 12H, c’est tant pis pour lui !
Enfin, dernier point : la réassurance. L’adolescent peut se sentir bloqué par tout ce que les adultes attendent de lui. Il est important qu’il se sente rassuré, aimé et accompagné par ses parents et sa famille. Et ce, peu importe les choix qu’il aura fait.
En pratique : une brève intervention du psychologue
Certains parents s’inquiètent, à juste titre, de l’attitude changeante de leur adolescent. Un manque de communication, un repli sur lui-même, des résultats scolaires qui chutent … Sont autant de signes que l’adolescent traverse une période difficile ! Les parents se doivent de le cadrer et de l’amener à faire ses choix, sans interférer avec sa réflexion. Ce qui peut s’avérer très compliqué dans la position du parent ! Le recours au psychologue permet ainsi de disposer d’un appui extérieur et d’accompagner au mieux la problématique familiale, pour la résoudre et permettre une évolution globale.